Guitariste et chanteur
Guitar Part n°95, février 2002

Question : Depuis les attentats du 11 septembre 2001, le CSA (Conseil Supérieur de l'AudioVisuel a retiré des ondes "Comme un avion sans ailes", ce genre de réaction ne te choque pas ?

Réponse : Cela me semble être une aberration de première, Je pense que le CSA devrait aussi supprimer le verbe avoir à l'imparfait, puisque ça donne "nous avions". Or, avion est le mot fatidique. Le verbe laver aussi, puisque ça donne "nous lavions". Cela pourrait être dangereux. Gavions, savions ... Non mais attends, on est où ? On va où ?


Question : Cela fait vingt ans que tu composes, l’univers de la musique a été pas mal chamboulé ces dernières années, quel est le bouleversement qui t’a le plus marqué ?

Réponse : Pour moi, le plus gros changement est survenu au moment de l’apparition de la bande FM. Cela a été quelque chose de terrible dans le pire sens du terme [...]. D’un seul coup, avec les radios libres, les gens se sont occupés à remplir maladroitement un espace vide. Comme ces fréquences avaient besoin de remplir coûte que coûte et de combler leur antenne à des fins commerciales, les types qui s’en occupaient étaient prêts à toutes les compromissions. Parce que quand on est payé par les commerçants de la grande rue, il faut mettre la musique qui plaît aux consommateurs à l’échelle de n’importe quelle ville ou quel village [...]. J’ai discuté avec d’autres artistes et nous sommes tous absolument persuadés du peu de fenêtres qu’il y a pour la musique dans le cadre des médias.


Question : Enfin, il existe d’autres moyens de communiquer pour les artistes ?

Réponse : Peut-être, mais ils restent étouffés sous la chape de la société, du commerce et des grands systèmes [...]. En France, il y a une cinquantaine de Fnac qui servent d’alibi, mais ce sont des despotes. Elles demandent aux artistes et aux maisons de disques de faire des sacrifices terribles.