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Eddie
Lang par ses amis.
Joe
Venuti (violoniste)
"Nous
avions l'habitude de jouer pas mal de mazurkas et
de polkas et, juste pour le plaisir, nous nous mîmes
à jouer en 4/4. Je pense que nous aimions surtout
le rythme de la guitare. Puis je me laissais aller
à quelques passages improvisés. Je partais sur quelque
chose qu'Eddie reprenait en faisant une variation.
On était là, assis, à se défoncer comme ça".
"Nous ne jouâmes jamais de jazz dans
notre travail avec Estlow. Pour cela nous allions
dans les toilettes pour hommes et y jouions pour
eux. On peut dire que les premiers vrais concerts
jazz que nous ayons donnés se tinrent dans les toilettes
pour hommes d'une boîte d'Atlantic City. Rube Bloom,
qui enregistra plus tard avec nous, nous entendit
là pour la première fois, comme Red Nichols, d'ailleurs,
qui était aux aguets dans le coin pour trouver des
talents musicaux".
"J'irai jusqu'à
dire qu'aucun autre instrument n'a un `lift' (soutien)
comparable à celui de la guitare. Et je vais vous
dire quelque chose que vous n'avez jamais entendu.
Eddie Lang ne connaissait pas une note de musique.
Il pouvait l'entendre, alors à quoi bon l'écrire
pour lui. Il avait une bonne oreille. Lorsqu'il
jouait quelque chose de compliqué, des gens qui
savaient qu'il faisait semblant avaient l'habitude
de parier qu'il ne pourrait pas le rejouer. Mais
il se souvenait de toute note qu'il avait jouée.
S'il avait joué quelque chose de bien une fois,
il le savait. Et c'était un brillant rythmicien.
»
Georges
Van Eps (guitariste)
"Eddie
Lan-q était un sacré bonhomme. On le compare aux
guitaristes modernes, et cela ne me semble pas honnête.
Il mourut en 1933 et, à cette époque, il n'avait
fait qu'effleurer la surface des choses. Et ce n'est
pas honnête de comparer quelqu'un dont la carrière
a tourné court avec quelqu'un qui a continué à s'améliorer
et a eu d'autres bons artistes à écouter. Lui n'avait
personne à écouter.
Eddie fut le pionnier.
Et ça, c'est le point important. On lui doit vraiment
beaucoup. S'il avait été là pour entendre tous les
nouveaux développements, vous pensez bien qu'il
aurait pu progresser au milieu de tout ça, et il
aurait sûrement été fantastique, parce qu'il était
ouvert ; Eddie n'était pas attaché à un style, mais
il jouait ce qu'il connaissait le mieux. Il pouvait
jouer d'autres choses, figurez-vous, et même des
choses de Segovia. En 1928 ou 1929, Segovia donna
son premier concert à Town Hall, à New York; Eddie
devait l'écouter pendant trois ou quatre ans avant
de mourir. Cela eut un effet sur son jeu".
Lonnie
Johnson (guitariste et chanteur)
"C'était
l'homme le plus gentil avec qui j'aie jamais travaillé.
Eddie et moi sommes souvent allés ensemble dans
les vieux studios Okeh à New York, et nous avons
même fait plusieurs faces ensemble avec seulement
deux guitares. Je chéris ces disques plus que tout
au monde. Eddie était un homme bien. Il ne se disputait
jamais. Il ne m'a jamais dit ce que j'avais à faire.
Il demandait.
Alors, si on était d'accord,
on s'asseyait et c'était parti. Je n'ai jamais vu
un type pareil. Il jouait de la guitare mieux que
quiconque. Et j'en ai vu beaucoup à cette époque.
Au moment où j'ai connu M. Lang, je travaillais
pour les gens de chez Columbia à New York. C'est
tout ce que je faisais - des faces. Mais les faces
que j'ai faites avec Eddie Lang furent ma plus grande
expérience".

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