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Interview de Brad
Delson (guitariste du groupe) à l'occasion
de la sortie de l'album "Meteora".
Question : Lorsque vous composez
une chanson, avez-vous en tête qu'elle
sera achetée par plus de dix millions de personnes
?
Réponse:
Non, sûrement
pas. D'abord parce que nous ne contrôlons
pas la musique que nous créons et puis, nous ne
pouvons pas deviner que des millions de personnes
l'achèterons demain.
Nous avons eu beaucoup de chance avec le succès
de "Hybrid Theory". C'était une chose
à laquelle nous ne nous attendions pas
du tout. Nous écrivons pour nous-mêmes, nous
composons la musique dont nous avons besoin, car
elle n'existe pas ailleurs. Nous sommes les premiers
fans de "Meteora", mais nous ne savons
pas si les gens vont l'aimer.
Question : Votre
musique est indissociable de l'informatique musicale,
et particulièrement de Pro Tools. Cela donne
presque un caractère à votre son.
Réponse:
Tout à fait.
Dès les débuts de Linkin Park, nous avons
enregistré des démos sur ordinateur, avec des softs
comme Cubase. Nous n'avons jamais été
du genre à laisser tourner la bande et
jammer.
Mike Shinoda a toujours été un
fou de son, bien avant LP. C'est lui qui nous
a branché sur les samplers, les claviers
et les logiciels. L'intérêt du Pro
Tools, pour nous, c'est de pouvoir réaliser des
choses impossibles à faire en analogique.
Pour travailler sur les structures de chansons,
ce qui est essentiel avec les arrangements,
le numérique offre une souplesse totale.
Pour le live c'est une autre histoire, un autre
travail.
Question : Certaines
prises proviennent-elles des démos réalisées
dans votre tour-bus?
Réponse:
Ce studio mobile nous
a permis d'accélérer les choses
puisqu'à la fin de la tournée, nous avions suffisamment
de matériel pour attaquer "Meteora". L'autre
bon point, c'est que tu peux utiliser l'énergie
et la tension des concerts, et la re-balancer
aussitôt dans les démos.
Question : Plus
que jamais, "Meteora" présente une fusion
remarquable des styles.
Réponse : Le
son de Linkin Park est le carrefour de toutes les
musiques que nous aimons. Pour "Meteora",
nous avons poussé plus loin cette attitude, afin
que notre couleur soit plus unique. Tu n'entends
pas seulement une guitare, une basse et une
batterie.
Sur une chanson comme "Nobody's Listening",
il y a des instruments traditionnels japonais que
nous avons manipulés avec l'ordinateur. Sur "Somewhere
I Belong", il y a un sample qui gonfle l'ensemble.
C'est un riff composé par Chester Bennington
sur une guitare acoustique. Nous l'avons torturé
et superposé afin de lui conférer
un effet multidimensionnel.
Question : Comment
expliques-tu cette forte connexion qui vous unit
à vos fans ?
Réponse : Nous
sommes comme eux. Nous avons sensiblement le même
âge, et nos chansons décrivent des
sentiments et des histoires qu'ils sont en train
d'expérimenter. Je suis moi-même
un fan : je vais voir des concerts, j'achète
des disques.
Nous restons très concentré sur
notre base de fans. Ce sont eux qui nous ont
faits. Les adhérents de notre fan-club,
le "Linkin Park Underground", ont accès
à de la musique que nous ne diffusons nulle
part ailleurs, et peuvent entrer gratuitement à
certains concerts.
Question : En
écoutant Linkin Park, on a du mal à évaluer
ton véritable niveau. Brad Delson est-il
un shredder ?
Réponse : Je
joue beaucoup de styles, mais plutôt mal !...J'ai
quelques notions en shred parce que plus jeune,
je ne lâchais pas la guitare. Maintenant,
je m'en balance un peu. Je gratte mes trucs
pour moi, et à côté, je
cherche des idées pour Linkin Park. Je
joue des parties simples et honnêtes. Je vois toujours
la chanson dans son ensemble, et je donne à mon
instrument la place qu'il mérite, sans
chercher à en rajouter.
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