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M parlant de l'élaboration de son album instrumental..."Labo
-M-"
Je trouvais intéressant de faire un récapitulatif de tout ce que j'avais fait depuis cinq-six ans. Cela
me permettait, en outre, de me reconnecter avec l'état d'esprit fougueux et gratuit que l'on a
lorsqu'on commence, quand il n'y a aucune barrière et que l'on est complètement libre et
léger dans sa tête.
C'est important quand on fait quelque chose, de savoir pourquoi on le fait.
Quand on commence, on sait très bien pourquoi on le fait, parce qu'on est en phase avec ça, mais
dix ans après, et c'est souvent le problème des carrières à long terme, il faut être
capable de se renouveler et de se surprendre, avancer.
Parce qu'il arrive que sans s'en rendre compte, on ait tendance à s'enfermer dans des schémas.
On finit par avoir la limite que les gens nous donnent, et c'est dangereux.
Moins je me pose de questions, plus je fais les choses naturellement. Avec ce disque là,
ce qui m'excitait, c'était de sortir un ovni bizarre. Pas vraiment des chansons, pas vraiment des instrus...
C'est un peu une manière d'entendre des étapes de chansons avant qu'elles ne soient finies. C'est un peu
bâtard comme objet musical, un peu hybride, mais c'est ce qui m'excite, que tu ne saches pas où le mettre.
Il y a souvent un décalage entre ce que l'on dit et ce que l'on finit par faire, mais j'ai l'âge pour faire et
ne pas me contenter de dire, donc je fais.
Olivier Lude a été très important, ce projet s'est concrétisé en partie grâce à lui. Seul, je me serais découragé.
Il a fait une présélection parmi plusieurs centaines de morceaux. Ensuite, il fallait trouver une cohérence.
Là, ça reste un disque aux univers bien différents, mais avec une espèce de voyage psychédélique comme fil conducteur,
presque un voyage de l'inconscient, que nous avons aussi cherché à mettre en scène : il y a la voix yaourt, l'idée
sur le dictaphone, une ébauche de morceau, la maquette, il y a un clin d'oeil à toutes les étapes...
Pour les gens
qui voulaient voir les choses avec une vision un peu "psycho-poétique", ça reste en quelque sorte le disque de mon
inconscient : comme si on rentrait dans ma tête, dans mes sons, mes confusions...Puisque ce ne sont pas des chansons,
je ne peux pas comparer avec mes disques de chansons, mais musicalement, puisque je joue de tout à 95%, "Labo -M-" me ressemble
énormément.

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