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David
Gilmour (chanteur et guitariste des Floyd) interrogé
sur la sortie de son DVD "David Gilmour In Concert".
Question
: L'une
des forces de Pink Floyd, et tu n'y étais certainement
pas étranger, était d'être toujours en avance sur son
temps. Dès qu'il s'agissait d'expérimenter de nouvelles
technologies, de nouveaux procédés, le groupe était
en première ligne, au point d'être devenu une référence
absolue pour tout amateur de Hi Fi qui se respecte.
Comment as-tu perçu et abordé cette première expérience
du DVD ?
Réponse
: L'aspect le plus merveilleux du DVD, pour nous plus
particulièrement, je veux dire pour Pink Floyd, même
si mon propre DVD en est très éloigné, c'est qu'il nous
permet d'aborder de nouveau le son quadriphonique que
nous avons expérimenté en 1967.
Je ne faisais
pas encore partie du groupe...Donc, ce qui est fantastique,
c'est que nous allons enfin pouvoir retranscrire ce
son lors de la sortie de Pulse en DVD, dans le
courant de l'année prochaine. Cela fait plus de trente
ans que de nombreux fabriquants ont tenté de développer
des systèmes quadriphoniques, mais ça n'avait jamais
vraiment décollé.
Grâce au cinéma, le DVD a connu
un essor fulgurant, essentiellement grâce à la qualité
des bandes-son qui se rapprochent de ce que nous recherchions
depuis tant d'années.
Je vous assure sue cela
représente une grande émotion pour moi de voir le produit
final du DVD de mes concerts. Pour apprécier un concert
chez soi, c'est le meilleurs support que je connaisse
jusqu'à présent. Je ne doute pas qu'il s'appliquera
parfaitement à Pink Floyd.
Question
: On
ne peut malgré tout pas évoquer ce projet solo sans
revenir à différentes étapes de ton passé qui sont assez
largement évoquées. Outre Pink Floyd, as-tu recherché
des souvenirs du David Gimour de The New Comers,
Jokers Wild, The Flowers ou Crew ?
Réponse
: Pas vraiment...En fait toutes ces chansons reflètent
avant tout ce que je suis devenu aujourd'hui. Si l'on
remonte à l'âge de dix ans, j'ai bénéficié d'un large
éventail musical. Mes goûts étaient très diversifiés.
Sur le DVD, on trouve un nouveau titre, un extrait
d'Opéra que je n'ai découvert qu'il y a deux ou trois
ans, une chanson extraite d'une comédie musicale, que
mes enfants m'ont fait écouter...Tout ça ne remonte
pas très loin.
Question
: Tout
ça ne nous éclaire pas beaucoup sur un musicien que
l'on connaît finalement très peu...
Réponse
: Ne vous méprenez pas, ce que j'ai toujours joué dans
Pink Floyd reste très proche de ce que j'aime. Bien
sûr, c'était tempéré par les compromis que l'on doit
nécessairement accepter lorsque l'on fait partie d'un
groupe de quatre musiciens.
Mais dans l'ensemble,
la musique de Pink Floyd reste ce dont j'ai toujours
rêvé. En ce sens ce que j'ai joué lors de mes concerts
n'était finalement pas si éloigné qu'on pourrait le
croire de Pink Floyd. On y perçoit, je pense, les mêmes
goûts musicaux. "Je Crois Entendre Encore",
de Bizet, aurait très bien pu être un morceau de Pink
Floyd.
Question
: Imagines-tu
un quelconque avenir pour Pink Floyd, lorsque tu revois
les images de ton DVD ? Vu de l'extérieur ce DVD peut
presque reléguer le groupe au rang de lointain souvenir...
Réponse
: Je
ne peux être que complètement d'accord ! Même si comme
pour n'importe qui, il m'est difficile de prévoir l'avenir,
j'avoue que j'ai bien du mal à imaginer quoi que ce
soit...
Je suis tout à fait conscient que vos
lecteurs et beaucoup de gens dans le monde veulent absolument
savoir ce qui va ce passer pour Pink Floyd. Mais je
n'en sais vraiment rien. Je n'essaie même pas d'y penser.
Ce n'est pas ma préoccupation majeure actuellement.
L'avenir de Pink Floyd ne me semble pas une
priorité pour l'instant. Je reconnais volontiers que
je suis très égoïste en me contentant de ne faire que
ce dont j'ai envie.
Question
: Ne
t'arrive-t-il pas, parfois, de ressentir Pink Floyd
comme une malédiction ? Le groupe t'a certainement beaucoup
apporté, mais tu dois désormais compter avec les attentes
d'un immense public, quelles que soient tes envies musicales...
Réponse
: Je n'en doute pas un instant, mais je ne crois pas
que l'on puisse vivre heureux en cherchant toujours
à suivre ce que les gens attendent de toi. Je ne crois
pas que nous soyons débiteurs envers qui que ce soit.
Pink
Floyd est certainement devenu une entité très complexe
et je ne ressens pas vraiment l'envie de porter à nouveau
ce poids sur mes épaules.
Question
: Plusieurs
événements auraient pu changer le cours de l'histoire,
à commencer par l'époque de ton entrée dans Pink Floyd.
Au départ, Roger, Rick et Nick avaient vraiment cherché
à convaincre Jeff Beck de les rejoindre alors que Syd
Barrett faisait encore partie du groupe ?
Réponse
: Oui , c'est exact. Je ne suis pas certain qu'ils l'aient
contacté, mais ils ont envisagé de faire appel à lui
(note : entretemps, Rick Wright a confirmé qu'il y avait
bien eu des contacts, mais que Beck semblait trop bien
parti pour s'associer à ce groupe encore méconnu).
Ils
m'ont toujours dit qu'ils auraient adoré recruter Jeff.
C'est un guitariste époustouflant, mais je ne sais pas
s'il aurait été parfait pour ce job. On ne saura jamais.
Mais l'histoire aurait été très différente...
Question
: Passons
à ton style de jeu. L'une des phrases semblant la plus
juste que l'on a pu lire sur toi c'est celle qui te
présente comme "celui qui a introduit le blues
dans le rock progressif". Te reconnais-tu dans
cette définition ?
Réponse
: C'est difficile à dire...Mon jeu est simplement un
amalgame de styles qui vont du folk au blues...Je n'essaie
pas spécialement de sonner bluesy. C'est ce qui ressort
quand je joue, mais je n'ai pas la moindre idée de la
façon dont on peut me définir.
En fait, je vous
donne la permission de décrire mon jeu comme vous le
ressentez.
Question
: Si
tu devais nous résumer l'essentiel de ce dont un guitariste
a besoin pour se rapprocher du son Gilmour...
Réponse
: C'est plutôt simple. J'utilise une fuzz box, quelle
que soit la marque, un delay, une guitare et un ampli.
Voilà ce qui pour moi est l'essentiel.
Dans le
passé, j'ai essayé toutes sortes de fuzz. Ces derniers
temps, je m'en tiens généralement à un Valve One et
un Valve Overdrive Unit.
Pour les amplis sur
scène je me contentais généralement d'un Hiwatt et en
studio, c'était le plus souvent un Fender Twin Reverb
ou le Hiwatt.
J'aime changer de matériel, d'instrument
ou même de m'accorder en open tuning...Tout ce qui peut
te sortir de ton confort habituel et t'obliger à réfléchir
un peu est excellent. Il est bon de perdre ses repères,
on en ressort avec des plans inhabituels...
Pour
un guitariste, la facilité peut l'amener peu à peu à
répéter sans cesse les mêmes clichés.
Question
: As-tu
d'autres projets en solo ?
Réponse
: Je vais probablement enregistrer un album l'an prochain.
Si tout va bien, il devrait sortir avant 2004.

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