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Paul Personne

Guitariste et chanteur...et ancien batteur...
Riff Magazine n°1 - Juillet/Août 2002

Paul Personne par lui-même :

"Je suis totalement autodidacte. Gamin, je voulais être guitariste et je m'étais fait une guitare en carton. Puis j'ai flashé sur la batterie et je suis resté batteur pendant dix ans, tout en restant proche de la guitare.

Pendant tout ce temps, j'avais une vieille guitare espagnole montée avec des cordes en métal. Elle me permettait de repiquer les accords des Beatles. Bon, je n'étais pas très fort, disons plutôt besogneux et passionné. Alors, quand je n'arrivais pas à trouver un accord, j'allais demander de l'aide à un pote guitariste. Petit à petit, je prenais des informations un peu partout.

Quand les Hendrix, Cream, Clapton sont arrivés, j'étais encore batteur. Je n'ai donc pas passé mon temps à repiquer leurs plans à la note près. Enfin, si, quelques uns quand même...mais seulement des phrases qui me flashaient. Disons que je suis plutôt imprégné de l'ambiance musicale des BB King et Albert King.

En se plongeant dans leur univers, on met forcément un feeling "à la manière de...". Sans jouer comme eux, on s'approche de leur style tout en restant soi-même. Cela évite le côté "clonage" qu'on rencontre chez certains fans de Stevie Ray Vaughan.

Il faut prendre conscience qu'on ne sera jamais à la place de nos idoles, et je pense qu'il faut plutôt rechercher à l'intérieur de soi. Je connais des mecs qui ont grandi avec un pantalon "moule burnes" et qui s'obstinent à jouer de la guitare électrique alors qu'ils trouverons plus facilement leur vie dans la guitare acoustique...

J'étais un boulimique de musique et j'allais acheter un disque dès que j'avais trois ronds, comme tous les mômes. Quand je n'avais pas de thunes, c'était un copain qui me faisait des copies sur K7.

A force d'entendre de la musique, on a envie de repiquer des plans, et bien sûr, on n'arrive pas à comprendre le plan entier. C'est là que ça devient intéressant : quand on a un début, il faut trouver soi-même la fin avec quelque chose de personnel...

Cela évite d'avoir un prof qui te force à tenir ton médiator comme ça et pas autrement alors que t'es peut-être même pas fait pour jouer au médiator. Il y a mille façons de tenir un totor, la main repliée, ou droite ou en le tenant comme une plume à la Hendrix. C'est vraiment chacun son truc.

Alors avec toutes les maladresses qu'on a eu au départ, on apprend malgré tout. Et puis le truc, c'est de ne pas focaliser sur la guitare. Les solos, j'adore ça, mais finalement, dans une chanson, ce n'est pas peut-être pas ce qu'il y a de plus important.

Je préfère quand même une bonne chanson bien finie avec des arrangements. Et s'il y a un solo pour s'exprimer c'est bien, mais le riff ou le solo ne sont jamais d'une chanson.

Ce qui m'a toujours botté, c'est le côté mélodique des choses. Prends le solo de Little Wing (de Jimi Hendrix), certains solos de Santana ou de George Harrison : on peut les chanter...Alors que je n'ai jamais réussi à siffloter un solo d'Yngwie Malmsteen...

J'ai toujours appris la gratte en essayant de travailler des façons de phraser, de tirer les cordes ou en cherchant un vibrato qui me botte, mais surtout pas en astiquant le manche à toute vitesse pour esbroufer...Je n'ai rien contre les mecs qui jouent très technique, mais je pense qu'avec le temps ils apprennent que trois notes expressives valent mieux que dix sans intérêt.

C'est peut-être une question de caractère, mais j'ai toujours aimé l'aspect mélodique de la musique, je parlais souvent à l'école en sifflant des trucs entendus à la radio, même "Allez venez Milord..." d'Edith Piaf ou un refrain des Compagnons de la Chanson.

Malgré toutes ces années de guitare, c'est vrai que je ne sais pas où sont les Do sur le manche. Je ne sais pas lire et je n'ai jamais trop fait d'analyse pour essayer de caser la septième mineure ici ou là.

Alors en jouant comme ça à l'instinct, c'est vrai que les doigts se posent un peu par hasard : on joue ce qui vient en premier, le truc facile et habituel. Cela peut bien sonner, mais quand on se réécoute, on se dit souvent : "Ouais...peu mieux faire".

Là on cherche autre chose, et quand on a trouvé, c'est souvent un truc très mélodique, un gimmick qui redonne un petit plus à la chanson.

J'ai commencé la guitare assez tôt, vers quinze ans. C'est vrai que lorsqu'on est môme, même entre 10 et 20 ans, on est très perméable aux informations. Qu'il s'agisse de Game Boy, de foot ou d'autre chose.

Et pourtant, si on prend Albert King, il était chauffeur et n'a commencé la guitare que très tard. Cela ne l'a pas empêché de trouver un putain de style qui a été repris par tous les guitaristes de rock par la suite !

Alors le côté "petit génie", c'est très beau : si tu prends Arthur Rimbaud ou Hendrix, ce sont des types qui ont tout dit tout de suite, mais ils se sont brûlés très vite.

Je rencontre souvent des gens entre deux âges qui ont abandonné la musique pour des raisons familiales ou professionnelles et qui pensent qu'il est "trop tard pour s'y remettre...". Qu'est-ce que ça veut dire "trop tard" ? Avoir du succès ?...Être "connu" ?... Ou tout simplement se faire plaisir ?

J'ai envie de leur dire, "si tu as le temps, achète-toi une guitare, une batterie, prends des cours, éclate-toi et si demain tu n'es pas Django Reinhardt, c'est pas grave !" Il n'est pas jamais trop tard, même pour un retraité puisque les problèmes d'arthrite n'ont pas l'air de gêner BB King qui a encore progressé alors qu'il est autour de 80 balais...
 


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