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Question
: Que t'inspire l'an 2000 ?
Réponse
: Le passage d'un siècle à l'autre sera intéressant,
mais dès le 2 Janvier, il faudra se lever, aller travailler,
et ce ne sera plus qu'un chiffre sur le papier. Espérons
aussi que ce sera un chiffre sur les ordinateurs !
Nous
sommes en plein milieu d'une vague technologique sans
précédent, c'est l'apparition d'un nouvel univers, un
nouvel environnement. Une époque fantastique où télévision
et Internet vont se rejoindre, où les capacité des DVD
vont exploser. Nous voyageons vers un nouveau cycle
et cela avance très vite.
Question
: Et musicalement ?
Réponse
: J'utilise la technologie, je l'intègre à ma musique.
Je ne la laisse pas me diriger, mais j'aime utiliser
ses facilités et cela agit aussi sur ma musique. Cela
influencera de plus en plus la musique de tout un chacun,
je pense. En considérant le futur proche, on se rend
compte que nous vivons encore dans un âge inférieur,
réellement.
Avec une station spatiale permanente
telle que celle que construisent actuellement les astronautes
d'Endeavour, il sera impossible de continuer de faire
de la musique simplement "géosonique", on
sera obligé de passer définitivement à la musique "spatio-sonique",
c'est un fait.
Question
: Les guitar-heroes sont moins populaires aujourd'hui,
à ton avis est-ce simplement un phénomène de mode ?
Réponse
: Je pense que l'être humain recherche constamment la
grandeur, toujours en compétition avec lui-même. Certains,
dont je fais partie, aiment savoir qu'ils ont accompli
quelque chose, sur l'instrument, par exemple. C'est
une réussite nécessaire, une partie de l'évolution de
notre espèce.
L'heure du guitariste heavy-metal
cinglé est peut-être passée, mais cela ne veut pas dire
que quelqu'un d'autre ne va pas apparaître et accomplir
quelque chose d'aussi important que les contributions
de Jimmy Page, Jimi Hendrix, Van Halen ou Joe Satriani.
Cela
se fera d'une manière différente et se produira lentement,
il faut toujours du temps. Beaucoup de kids aiment la
guitare de manière obsessionnelle, ne pensent qu'à cela
et veulent rompre avec la musique insipide qu'imposent
les radios et les majors.
Question
: Cela te donne-t-il envie de créer quelque chose de
nouveau et de remettre les pendules à l'heure ?
Réponse
: Je ne me considère pas comme un sauveur de la guitare.
J'aime l'instrument, mon plus grand privilège est ma capacité
à en jouer. C'est un don fantastique mais fragile. Robin
Trower m'a dit qu'au début, Hendrix avait toujours sa
guitare avec lui. Quand il l'a revu trois ans plus tard,
il était seul et triste, sans sa guitare, sauf sur scène.
Il est mort à la fin de cet été là.
La guitare
est un don qui peut être repris, j'y suis très attentif
et la mode musicale n'a rien à voir avec cela.
Question
: La musique actuelle tend à avantager les sons et les
rythmes. Y a-t-il quelque chose que tu peux explorer
à la guitare ?
Réponse
: Sûr ! Tu me donnes un bon groove et me voilà parti
! Mais la guitare est surtout un instrument mélodique.
Le solo exprime la liberté, et je ne vais pas m'en priver
parce que cela ne correspond pas aux canons actuels
de l'industrie musicale.
En réalité, il en a
toujours été ainsi avec la musique populaire, celles
des stations de radios. Pour passer un single à la radio,
le solo était souvent coupé, on appelle ça un radio-edit.
Aujourd'hui, les musiciens sont si intelligents qu'ils
ne jouent même pas le solo, plus besoin de remixer !
Question
: Considères-tu le chorus de guitare comme l'expression
ultime du guitariste ?
Réponse
: Cela dépend du guitariste. Un solo ou une improvisation
font appel à l'imagination instantanée de l'instrumentiste.
C'est un reflet bien réel de sa personnalité, ou de
son manque de personnalité s'il se contente de monter
et de descendre une gamme. Il faut être mélodique, créatif
et cool à la fois, mais tu sais que l'auditeur va pouvoir
juger ta personnalité.
Question
: Tu joues d'une manière très évoluée, tes chorus se
développent sans cesse. Comme Charlie parker, on pense
que tu as atteint une impasse et tu rejaillis. Comment
fais-tu pour ne pas te perdre ?
Réponse
: Je n'y pense pas, cela me ralentirait. Mais c'est le
résultat de tout mon travail personnel. Même si je ne
joue plus douze ou quinze heures par jour, je travaille
un minimum de deux heures. Si je m'aperçois que j'ai
de la difficulté à rejouer un vieux morceau, je le réapprend
sans délai. En temps normal, je joue trois ou quatre
heures chaque matin.
Question
: Finalement, quel conseil donnerais-tu à nos lecteurs
pour aborder le 21ème siècle ?
Réponse
: Ne fumez pas au lit !...Sérieusement, ayez une bonne
attitude, trouvez vos propres particularités, ce qui
vous rend unique, et cultivez-les. 
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