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Watcha

Groupe de rock
Guitar Part n°110 - Mai 2003

Interview à l'occasion de la sortie de l'album "Mutant"

Question : Quel est votre sentiment général sur l’accouchement de ce troisième album « Mutant » ? En travaillant seul, vous avez mis plus de temps que d’habitude ?

Manu : On a maquetté de mars à fin juillet 2002 et de mi-août à fin décembre, on a enchaîné sur l'enregistrement et le mixage. C'est comme si on avait enregistré le disque deux fois. On est souvent revenus sur des trucs qu'on avait faits. Il y a eu une phase où on hésitait à faire le disque seuls, et où on a fait des essais avec des gens. Si dès le départ on avait pris cette option, ça aurait certainement été un peu moins long. En même temps, on avait besoin de voir que ça ne marchait pas avec d'autres pour se lancer.

Question : Vous avez l’impression d’avoir perdu du temps à chercher en vain un producteur?

Manu : Oui, du temps et de l'argent. Mais dès le moment où on a couché les deux premiers mixes, on était sûrs d'être sur la bonne voie.

Fred : Même pendant l'enregistrement de « Mutant », on ne savait pas encore avec qui on allait mixer. C'est seulement à la fin des prises, mi-novembre, quand on n'avait plus de solutions, qu'on a décidé de s'en occuper. C'était vraiment bizarre comme situation. Quand on a attaqué les premiers mixes, il y a carrément Bergstrand (Meshuggah) qui était prêt à le mixer... Stefan Glaumann (Rammstein) était trop cher.

On a envoyé le disque aux États-Unis à Jack Endino (Burning Heads) qui s'est retrouvé avec une session Pro Tools beaucoup trop grosse pour lui et nous a renvoyé le truc en nous disant qu'il nous fallait plutôt Terry Date. On a essayé des pointures en France et en Angleterre, mais ça n'a pas marché. On aurait pu utiliser des noms pour promouvoir le disque, on avait l'occasion de le faire, mais techniquement et musicalement parlant, ça ne collait pas.

Question : C’est vrai, aujourd'hui, le nom du producteur est devenu un argument commercial...

Manu : A partir du moment où les gens payent plus de 20 euros pour un disque, c'est le petit plus d'avoir un son énorme. C'est normal que les artistes et les labels se servent de l'image d'un producteur. Quand tu dépenses un million pour trois semaines de mix avec Andy Wallace, il faut rentabiliser l'investissement.

Fred : Peut-être que tu peux aller avec ces gens-là au dernier moment. Mais nous, à notre niveau, on a du mal à confier notre bébé à quelqu'un qui ne nous connaît pas, et qui est moins gros que ces gens-là. Du coup, on a tout fait nous-mêmes, et on a appris plein de choses.

Question : Lequel d'entre vous a fait une école d'ingé son ?

Manu : Fred. Pendule (basse) et moi on bricole. C'est surtout Fred qui a fait le son des prises, c'est lui qui prenait les décisions sur les fréquences, ce qu'on ne maîtrise pas. Par contre, on est assez doués pour les idées de mix.

Fred : On a fait des maquettes poussées. C'était au moment où on changeait de maison de disques, sortant de Wet, il fallait qu'on démarche avec de bonnes maquettes. Et on s'est aperçu qu'on pouvait les faire sonner presque comme un disque. Il y a des gens qui ne sentaient pas la différence, et ça nous à mis la puce à l'oreille.

Manu : C'est vrai que ce n'est pas dans la culture des groupes de se produire eux-mêmes. Il y a toujours l'argument de l'oreille extérieure. Au bout de huit ans, on se connaît bien, et je pense qu'on a suffisamment d'expérience pour prendre du recul et ne pas faire un mix de musiciens.

Question : Derrière cette expérience, est-ce qu'il n'y aurait pas aussi la volonté de sortir de l'étiquette "groupe de métal", et d'être reconnu en tant que musiciens et producteurs, un peu comme Stephan Buriez (Loudblast) par exemple?

Fred : On n'en est pas là, même si j'enchaîne sur l'album de Tripod. Après Watcha, et même pendant, c'est vrai que c'est quelque chose que j'ai envie de faire. Encore une fois, les meilleurs producteurs à notre niveau, c'est nous. Sur ce disque, il y a peut-être des erreurs, mais au moins on a pris le temps de faire tout ce qu'on voulait, d'essayer des amplis, des arrangements... En deux semaines avec un producteur, comme sur les disques précédents, on n'aurait pas pu faire tout ça. Là, on a tout fait sous Pro Tools. On a mixé sans console de mixage. C'est entièrement informatique. Au final, je ne crois pas qu'on sente la différence.

Manu : Nous, on ne croit plus en rien, juste en nos oreilles.

Question : Le 31 mai prochain, vous jouerez dans le « temple du Music-Hall », à l’Olympia. C'est une première pour un groupe français à grosses guitares, et on annonce des invités...

Fred : Oui, ce n'est pas trop le temple du rock. Il y a bien eu les Beastie Boys, Tool, FFF... On en est plutôt fiers. On veut faire une belle affiche. On a fait beaucoup de plateaux Sriracha cette année qui ont permis de réunir des groupes comme nous, Lofo, LTNO, et de jouer dans des grosses salles. On a fait nos preuves, et c'est ce qui nous conduit aujourd'hui à faire l'Olympia. Sinon pour info, on va enregistrer le disque en anglais. Bob chante bien dans les deux langues, et le peu d'expérience qu'on a eu à l'étranger, ça s'est toujours très bien passé. Alors disons qu'on a envie d'aller voir ailleurs...


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